Site archéologique
Les thermes gallo-romains de Cassinomagus
Cassinomagus est le nom antique d'une agglomération dotée d'un complexe thermal monumental établi entre le Ier et le IVe siècle de notre ère sur l'actuelle commune de Chassenon en Charente. Le site, situé sur la via d'Agrippa, abrite également un sanctuaire, un édifice de spectacle et un aqueduc.
Par Romain CHARRIER - Publié le 18 novembre 2014
Photo du bassin du caldarium, la piscine chaude © Romain CHARRIER
Installée sur un plateau bordé par la Vienne, l'antique Cassinomagus, indiquée sur la Table de Peutinger, était une agglomération urbaine secondaire située sur le territoire des Lémovices, sur la voie d'Agrippa, entre Limoges et Saintes. A l’époque antique, Cassinomagus dépendait administrativement de la cité d’Augustoritum (Limoges) capitale des Lémovices. Elle s'étendait sur près de 140 hectares. Son nom devait signifier « Le marché (ou la plaine) du chêne (ou des chênes) » en langue gauloise. Sa situation est au carrefour de grandes voies de communication : la voie d'Agrippa Lyon-Saintes, la voie Poitiers-Périgueux et de la Vienne navigable, en position frontalière et à proximité de trois autres cités (Saintes - Santons, Poitiers - Pictons et Périgueux - Pétrocores), confirmant que l'actuel petit village de Chassenon a dû connaître une grande prospérité de la fin du Ier siècle jusqu'au IIIème siècle.
Son principal centre d'intérêt était certainement le vaste sanctuaire qui occupait, à lui seul, environ 25 hectares. Les fouilles modernes, qui ont lieu de 1958 à 1988 et qui ont repris depuis 1995, ont permis de repérer des thermes, un grand fanum, deux autres petits temples, un édifice de spectacle (théâtre ou amphithéâtre), un aqueduc... Les thermes monumentaux sont la partie la mieux étudiée et la plus surprenante de ce sanctuaire. Ils s'étendent sur un hectare et sont construits sur trois niveaux. Ces éléments font de cet établissement cultuel et curatif un monument très rare en son genre.
Vers la fin du Ier siècle ou au début du IIe siècle de notre ère, l’agglomération a dû connaître un important développement économique. A partir du IVe siècle, Cassinomagus a vraisemblablement subi les conséquences des transformations administratives, politiques, religieuses et économiques de la province. Si l’ensemble monumental semble être définitivement abandonné entre le Ve et le VIe siècle, l'agglomération secondaire n'est pourtant pas désertée. Elle a même certainement su garder une relative puissance durant le haut Moyen Âge, puisqu'un acte royal y a été signé dans le courant du VIIIe siècle, Cassinomagus est même attestée comme chef-lieu de vicairie au Xe siècle.
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Les Thermes Gallo-Romain
Les thermes dits de Longeas ont été construits à la fin du Ier siècle, avec des pierres issues de l'écrasement d'une météorite dans la région.
Ils ont été utilisés pendant plus de trois siècles, comme établissement de cure à l'intérieur du sanctuaire. Leur état de conservation est exceptionnel avec, par endroits, des murs qui s'élèvent encore sur sept mètres de hauteur. Le visiteur d'aujourd'hui y découvre les espaces publics, ouverts aux baigneurs de l'Antiquité, ainsi que le niveau technique, alors réservé au personnel.
Il a été bâti que 3 niveaux :
- Le niveau inférieur est celui des égouts souterrains (central et oriental).
- Le rez-de-chaussée, le niveau de service, est accessible de plain-pied pour le personnel d’entretien depuis la cour nord. Celui-ci assure le fonctionnement des fours et l’entretien de l’édifice.
- L’étage, pour les curistes et baigneurs qui utilisent le niveau de circulation publique. Du personnel de service veille à leur bien-être. L’état de conservation des vestiges permet d’interpréter la fonction des salles. Leur implantation est définie selon le circuit type emprunté par le public qui repose sur le principe du choc thermique. Les baigneurs procèdent dans un premier temps à l’échauffement du corps par l’exercice physique ou directement par le passage dans les salles de plus en plus chaudes (tepidarium, sudatio et caldarium), suivi d’une immersion dans un bain froid du frigidarium, ou de la natatio extérieure. Le doublement des salles et des espaces a conduit les archéologues à proposer l’hypothèse d’un double circuit : classique et thérapeutique.
Lieu de sociabilité, de détente, d’hygiène mais aussi parfois de guérison, les thermes sont dans la Gaule du Haut-Empire parmi les édifices les plus remarquables et les plus remarqués de ce qu’il est convenu d’appeler la civilisation romaine.
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L'agglomération de Cassinomagus
Quelques vestiges, attribués à l'âge de la pierre taillée et de la pierre polie, ont été retrouvés, attestant de l'occupation humaine en ce temps de la préhistoire.
On peut se demander si un sanctuaire préexistait à l'occupation Romaine. Cassinomagus, remarquablement situé à un carrefour routier et à la limite de plusieurs provinces, fait l'objet d'une attention toute particulière. C'est ainsi que grandit sa renommée et que, bien vite, des foules importantes s'y pressent, à en juger par l'ampleur de ses monuments.
Un temple octogonal de 18 mètres de diamètre et dont la hauteur est inconnue, construit sur un podium de 50 m de diamètre, ce sanctuaire est implanté sur une vaste esplanade (1,5 hectare) au milieu de laquelle s’élevait ce temple dit de « Montélu ». Il se compose d’une salle octogonale (cella) entourée d’une galerie qui s’élève au centre d’un podium.
Au sud, la fonction de quarante-neuf fosses circulaires, implantées en damier et d’une profondeur 1 m 20, n’a pas été à ce jour déterminée. Elles sont aujourd’hui matérialisées en surface par des anneaux rouge.
L'édifice de spectacle, au vu de récentes photos aériennes, pourrait avoir 120 mètres de façade. Construit sur le modèle romain, il est un lieu de spectacles associé, à l’origine, à des cérémonies religieuses. Il fut exploité comme carrière de pierres entre 1913 et 1936. Profondément endommagé, il a été partiellement étudié aux XIXe et XXe siècles.
Deux petits fanum (temples) sont dégagés en partie au XIXe siècle. Ils sont identiques et présentent une pièce centrale polygonale entourée d’une galerie.
Les Thermes de Chassenon sont parmi les mieux conservés actuellement.
Un aqueduc acheminait l’eau nécessaire au fonctionnement des thermes. Un système complexe de canalisations assure l’alimentation en eau des chaudières et des bassins. L’ouvrage s’adaptait au relief vallonné du terrain avec une portion enterrée et une partie aérienne soutenue par 44 arches. Il traverse le site d’est en ouest, juste au sud des thermes.
Romain CHARRIER - 18 novembre 2014 - Maj 16/03/17 - Maj 22/08/2019
Sources :
• David Hourcade, Cécile Doulan, Laure Laüt, Gabriel Rocque et Sandra Sicard, « À l’ouest d’Augustoritum, du nouveau sur Cassinomagus (Chassenon, Charente) », Siècles [En ligne], 33-34 | 2011, mis en ligne le 25 juin 2013, consulté le 25 mars 2016. URL : http://siecles.revues.org/777
• http://www.lacharente.fr/culture-patrimoine/chassenon-cassinomagus
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