
Le camp dit de César : un château-fort primitif dominant la Seudre
Perchée sur une colline dominant l’estuaire de la Seudre, cette imposante motte castrale, longtemps prise pour un camp romain, révèle les vestiges d’un château-fort du Moyen-Âge. Fossés monumentaux, donjon de pierre et vaste enceinte témoignent d’un site stratégique majeur, aujourd’hui classé monument historique.
Ce site, bâti au sommet d'une colline culminant à 39 mètres d'altitude, est constitué d'une grande enceinte de 20 000 m², protégée par des fossés et des glacis de plus ou moins 2 mètres de profondeur. Au centre de l'enceinte, on découvre un fossé monumental de 5 mètres de profondeur et de 11 à 18 mètres de largeur, entourant une butte centrale de plus de 2 000 m², constituée par le remblai du fossé, sur laquelle a été construit un donjon carré maçonné d'une centaine de m². Les murs, assez épais (2,50 m), sont revêtus d’un parement de moellons et de pierre de taille dans les angles. Les vestiges de ce donjon haut de 2,50 à 3 mètres à l'extérieur, sont bien plus imposants vus de l'intérieur (le niveau du sol y est plus bas qu'à l'extérieur). Les textes anciens mentionnent des vestiges d'un camp militaire romain, mais il s'agit plus vraisemblablement d'une très belle motte castrale. Les érudits des XVIII et XIXe siècles avaient tendance à voir des vestiges romains partout. Par méconnaissance de la période médiévale, les mottes castrales étaient systématiquement qualifiées de tumulus ou de camps romains. Les mottes datent de la fin du IXe siècle jusqu'à la fin du XIIe siècle.
Il s'agit très certainement d'un château-fort primitif, avec un donjon maçonné au centre du tertre, protégé par un fossé monumental et entouré d'une basse-cour incluse dans une grande enceinte. Les vestiges de la tour ne montrent pas d'entrée maçonnée : le passage actuel résulte d'un creusement ultérieur dans la maçonnerie. L'entrée se faisait probablement par un escalier extérieur en bois, la porte d'entrée devait être située en hauteur. Le site est désigné en tant que "mons de Tolum" (la hauteur de Toulon) dans la charte de fondation de l'abbaye de Sablonceaux voisine. Louis Maurin estime que cette indication géographique indique que la motte n'existe pas encore en 1136. Le donjon de pierre daterait selon l'historien de la fin du XIIe siècle, voire du XIIIe siècle.
La situation de cette motte castrale en hauteur lui permettait de dominer l'estuaire de la Seudre et le sud de l'ancien golfe marin (aujourd'hui devenu marais), afin de surveiller la vallée et son trafic routier et fluvial, au croisement des échanges liés aux activités de pêche et à l'exploitation du sel, autrefois très importante sur le littoral. Le site est classé au titre des monuments historiques depuis 1886.
Illustrations dans l'ordre du diaporama : Plan du Terrier de Toulon, relevés et dessins F. Lasne 1902 ; Lidar du secteur © Département de la Charente-Maritime ; Plan de Claude Masse début du XVIIIe siècle ; Photo aérienne © Jacques Dassié ; Deux photos des vestiges © Prospection pédestre février 2017 Romain CHARRIER ; Aquarelle de la motte de Toulon à Saint-Romain-de-Benet par Etienne Bourdeau 1839.
Romain CHARRIER - 24 février 2017 - MaJ 07/12/2025
Sources : Louis MAURIN, Carte Archéologique de la Gaule, La Charente-Maritime 17 / 1, Paris, 1999, p. 280 à 282
Illustration en entête : Aquarelle de la motte de Toulon à Saint-Romain-de-Benet par Etienne Bourdeau 1839